Accueil Economie Lancement de l’Académie internationale des métiers du contrôle et de la finance (AIMCF) : Un acquis professionnel à portée nationale

Lancement de l’Académie internationale des métiers du contrôle et de la finance (AIMCF) : Un acquis professionnel à portée nationale

L’Ordre des experts-comptables de Tunisie (Oect) vient d’inaugurer une nouvelle institution de formation approfondie en matière de contrôle et de finance. A cette occasion, une conférence de presse a été organisée vendredi 31 janvier dernier à Tunis.

Baptisée «Académie internationale des métiers du contrôle et de la finance» (Aimcf), ce nouvel acquis promet une véritable relance de la formation dans un domaine où la profession souffre de moult défaillances. L’objectif étant de combler les lacunes décelées, de valoriser le métier des experts comptables et des contrôleurs de la finance en les dotant d’une meilleure capacité académique, à même de leur permettre d’être au diapason des notions, des principes et des pratiques devenus indispensables à leur mission.

L’Oect, en collaboration avec des partenaires de haut niveau, notamment la Banque centrale de Tunisie (BCT), l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc), la Commission tunisienne des analyses financières (Ctaf) et l’Association tunisienne des contrôleurs publics (Atpc), aspire à contribuer à l’émergence d’une nouvelle génération de hauts cadres, chevronnés en matière de contrôle financier, d’expertise en comptabilité et mus par les principes de la déontologie du métier et de la transparence.

Ouvrant la rencontre, M. Slaheddine Zahaf, président de l’Oect, a indiqué que l’Académie vient en réponse à un besoin réel en matière de formation professionnelle dans ce domaine. Elle vise à complémenter les diplômes délivrés par les universités nationales par une certification qui aura une fiabilité internationale. Cette formation est destinée à un public professionnel bien déterminé, notamment les experts comptables, les comptables, les stagiaires en comptabilité ou en expertise en comptabilité, les magistrats de la Cour des comptes, le corps de contrôle de l’Etat, les cadres de l’Ecole nationale de l’administration, mais aussi les chefs comptables, les auditeurs internes et les hauts cadres financiers œuvrant aussi bien dans le secteur public que celui privé.

La formation est aussi accessible aux nouveaux diplômés en comptabilité ou en finance. M. Zahaf a souligné que la formation comptera 18 modules. Le lancement de la première session de formation est prévu pour les 27 et 28 février 2020, date qui marquera l’organisation du Congrès des experts comptables de Tunisie, lequel sera placé sous le thème de «La révolution digitale : défis et apports à l’économie nationale».

Pour éclairer l’assistance sur les spécificités de cette formation et les résultats escomptés via la certification, M. Maher Gaida, président du Conseil scientifique de l’Aimcf, a exprimé son enthousiasme quant à l’apport requis via la création de l’Académie. Cette institution promet, non seulement, d’enrichir la formation professionnelle dans ce domaine, mais aussi d’ouvrir grands les horizons aux experts comptables et aux contrôleurs de la finance. Des perspectives tant attendues qui mettront fin à la décadence qu’endure le métier ; un métier  en mal de valorisation et de rémunération.

M. Gaida a indiqué que bon nombre de professionnels de la finance sont dans la contrainte d’embrasser une carrière d’enseignant contre la modique rémunération de l’ordre de 12d par heure — même pour les cours de troisième cycle — ou contre un forfait mensuel de 300d ! «Faut-il orienter nos confrères vers le seul secteur privé ou plutôt tenter de hisser le niveau académique des professionnels ? D’autant plus que la fuite des compétences nous place dans un véritable dilemme : quelle solution devrons-nous prendre pour récupérer les jeunes compétences tout en leur permettant une meilleure qualification et une aptitude certaine à maîtriser les référentiels ?

La création de l’Aimcf vient, par conséquent, comme une solution pertinente qui dotera les professionnels et les diplômés de la filière d’une formation académique à forte contribution et d’une certification complémentaire, répondant aux exigences et de l’économie nationale et de celle internationale», a-t-il expliqué.

Dix-huit modules, trois niveaux de compétence

Il a cité, un par un, les dix-huit modules sur lesquels seront axées les formations, dont «la lutte contre la corruption, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme», «le risque financier», «le contrôle qualité des métiers de contrôle», «l’audit des systèmes de management ISO 19011» et «le management du risque de fraude». Parmi les modules essentiels à un professionnel de finance confirmé figurent le «financial english» et «l’arabe des affaires» ; deux langues incontournables dans le domaine de la finance tout comme c’est le cas pour la logistique, l’intelligence artificielle et toutes les normes appropriées au domaine dont la norme IASB, celle IFAC, etc. Encore faut-il souligner que les formations obéiront à une méthodologie bien définie.

En effet, le certificat ne peut être remis qu’aux experts et donc aux compétences formées en classe A. Ce niveau nécessite une formation s’étalant sur une cinquantaine d’heures. Le niveau intermédiaire — ou de classe B — implique une formation de 30 heures. Quant au niveau de débutant — ou de classe C —, il exige une formation de 20 heures. M. Gaida a conclu son intervention sur une note patriotique : «l’Aimcf aura un apport salutaire aussi bien pour la profession que pour la nation».

Renforcer les compétences et solliciter celles vivant à l’étranger,

M. Marouane Abassi, gouverneur de la BCT et représentant la Commission tunisienne des analyses financières, a remémoré son expérience de professeur et d’expert débutant à la Banque mondiale pour affirmer l’impératif de compléter la formation universitaire par une formation académique au diapason des exigences et normes de l’économie internationale. La certification avait, jadis, permis aux professeurs et aux experts comptables de maîtriser les notions-clefs du monde des affaires, ce qui n’est plus le cas. «La Tunisie manque sensiblement d’auditeurs confirmés et de comptables capables d’exceller dans la gestion du risque et le développement du système de l’information», a-t-il jugé. Pourtant, la volonté de passer la vitesse supérieure y est.

Et pour preuve : «la Ctaf avait recruté de jeunes compétences qui sont devenues, au bout d’une année d’expérience professionnelle, des experts confirmés», a-t-il noté. D’où l’engagement bien réfléchi de la BCT et de la Ctaf  à soutenir l’Aimcf dans sa mission. «La fuite des cerveaux touche aussi les compétences en expertise. Il s’agit d’un choix délibéré que nous ne sommes nullement capables d’entraver. Néanmoins, nous devons gérer la mobilité de ces compétences afin de les exploiter au profit de l’économie nationale. Il s’agit d’une diaspora qui permettra de ramener, par moments, les experts tunisiens résidant à l’étranger afin qu’ils puissent venir en aide aux institutions tunisiennes», a-t-il expliqué.

S’agissant de la transparence de l’écosystème économique et des affaires, le gouverneur a exprimé son soulagement quant à la sortie de la Tunisie de la liste grise. «Cela dit, il ne faut aucunement se contenter de ce fait, mais de préserver et d’améliorer notre positionnement en termes de transparence du climat des affaires. Certes, poursuit-il, le taux de l’inflation a chuté pour se fixer à 5,8 en janvier 2020. Toutefois, les risques restent importants, surtout dans le secteur bancaire», a-t-il ajouté. 

Synchroniser les actions anti-corruption

M. Chawki Tabib, président de l’Inlucc, a insisté, quant à lui, sur l’impératif de prendre des mesures anti-corruption et de les mettre en application afin de lutter contre ce fléau. Le système de la corruption dispose, à son sens, de moyens logistiques considérables et d’une complicité redoutable, alimentée aussi bien au niveau national qu’à celui international. M. Tabib a indiqué, par ailleurs, que de nouveaux crimes de corruption sont en train d’être repérés d’où l’urgence d’opter pour une approche participative, regroupant tous les intervenants anti-corruption, et d’agencer leurs actions selon une synergie salvatrice.

«Il convient, aussi, de mettre en œuvre deux organismes d’envergure, à savoir le Conseil supérieur de lutte contre la corruption et la Commission nationale de contrôle du financement des partis», a-t-il revendiqué. S’agissant du partenariat entre l’Inlucc et l’Aimcf, il a indiqué que ce nouvel acquis rejoint parfaitement les principes de l’Instance aussi bien sur le plan des partenariats et des conventions que sur celui du renforcement des compétences tunisiennes. D’ailleurs, selon les chiffres relatifs à 2018, l’Inlucc avait organisé 37 sessions de formation, 44 colloques et 32 journées d’étude anti-corruption.

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